LES DIX COMMANDEMENTS

pour apprendre à bien danser

1) La musique d'abord, tu écouteras

Il est évident qu'écouter la musique est incontournable pour danser correctement, et ne serait-ce que dans le rythme, mais écouter en permanence du Tango pendant la phase d'apprentissage, est un excellent moyen de familiariser l'oreille. En outre, comme dans toutes les danses d'origine populaire, la corrélation entre la musique et les mouvements du corps est si forte, que ceux-ci s'induisent naturellement, et que non seulement l'apprentissage se verra accéléré, mais le style, lui-même s'en trouvera amélioré.

2) Ton partenaire, tu respecteras

Le Tango Argentin est réputé difficile, mais la complexité de l'apprentissage n'est pas due, à celle des techniques. La position extrêmement rapprochée des partenaires, et la très grande richesse de possibilité offerte par la guidabilité totale des séquences, demande une très grande écoute de l'autre, son respect, et la prise de conscience de ses difficultés. C'est la grande magie de la danse à deux.

3) Ton professeur, tu écouteras

Une fois le cours choisi avec discernement, il faut faire confiance à l'enseignement de son professeur et ne pas le remettre en question à la moindre occasion. Si le doute s'installe, il faut mieux changer. Mais les élèves qui "sautent" de cours en cours, sont rarement les meilleurs, mais plutôt ceux qui emmènent leurs propres nuages avec eux ...

4) A tous les cours, tu assisteras

Apprendre le Tango Argentin, il faut le répéter, n'est pas difficile, mais demande une grande régularité assortie d'un peu de patience. Ce n'est pas une activité futile, à faire en dilettante. De plus un enseignement bien élaboré, met en place une progression construite, et manquer des cours volontairement, c'est se priver de cette possibilité d'apprendre plus vite et de façon simple et logiquement progressive.

5) Le regard des autres, tu oublieras

Le Tango Argentin est d'abord une question de sensibilité et d'accord entre partenaires. Ils sont acteurs de leur propre plaisir. Celui qui regarde n'est que spectateur : il ne participe pas. On ne danse pas pour lui, ou pour se "positionner" par rapport au groupe social. Et puis, ceux qui jouent "les pros", ont tous débuté un jour, et le monde du tango étant illimité, ils auront toujours quelque chose à apprendre ou une technique sur laquelle ils buteront. Alors pas de complexe, et rappelez vous que le plaisir en Tango existe même entre deux partenaires, même si l'un des deux est un "pro" et l'autre un débutant.

6) La grosse tête, tu éviteras

"Nul n'est pire que celui qui croit savoir" ! Et en Tango on ne sait jamais tout. L'univers de cette danse si vaste, qu'il est impossible de l'appréhender totalement, et d'en maîtriser tous les aspects. Dix ans de Tango ? Toujours débutant ! Maître Haku Michigami, 9ème dan de Judo et 8ème dan de Karaté, aimait parfois à tirer avec de jeunes ceintures blanches, et ce jusqu'à un âge avancé : "avec eux j'apprend beaucoup ..." disait-il. Pourtant, chargé directement de responsabilités dans le développement du judo mondial par Maître Jikoro Kano, fondateur du Judo, et élevé au 3ème rang impérial par l'Empereur du Japon, nul autre que lui aurait pu prétendre au savoir absolu, et à un sentiment de supériorité vis-à-vis des débutants : il n'en était rien. Le parallèle entre les Arts Martiaux, et l'Art du Tango, peut se décliner dans différents aspects de l'apprentissage : importance de l'acquisition des bases, travail et persévérance, écoute de l'autre, humilité, importance du rythme, etc ...

7) Au travail, jamais, tu ne rechigneras

"Trabajar, siempre trabajar" Gustavo Navera  /  "Danse encore et encore, ce n'est pas en écrivant que tu y arriveras", Simone Germain (juge international en danse sportive, et organisatrice de Bercy)  /  "le Judo ? 90% de transpiration, 10% d'inspiration", Maître Haku Michigami  /  "Fais tes gammes, il ne naît pas un Mozart tous les jours" Mademoiselle Clot, mon ancienne prof de piano   /  "Un brute debout dansera toujours mieux que deux intellectuels assis" , ça c'est de moi ! Le Tango c'est du travail, du temps et de la pratique : Incontournable !!!

8) Le plus souvent possible, tu pratiqueras

L'intérêt du tango, par rapport aux autres danses de couple, est l'absence de figures, et la possibilité d'improviser : comme un langage. Mais pour pouvoir atteindre cette faculté, il faut débarrasser l'esprit de la technique ; s'affranchir du "réfléchi". La musique et le ressenti corporel de la présence de l'autre, prennent la relève, et la magie s'opère. Mais pour pouvoir y parvenir, il faut inlassablement répéter les mouvements, les séquences, multiplier les partenaires pour s'affranchir de l'habitude, faire de la technique un acquis, une aide, une seconde nature, et non pas un problème ou un obstacle. Chacun à son niveau peut y parvenir : même un débutant. Enchaîner des Salidas et quelques ochos pendant des heures (niveau dix cours de tango), donne de l'assurance, permet de jouer avec le rythme, de s'affranchir de la taille du poids de son ou sa partenaire, et au hasard d'une bousculade ou d'une inspiration, une nouvelle séquence se met en place, improvisée, ... instant magique ...

9) Les autres couples, tu ne bousculeras

La solitude ? C'est le luxe ... ou l'ennui profond ! Le Tango est une danse sociale, le bal en est indissociable. Bien sur, trop de monde sur la pite limite les possibilités d'expression : c'est comme dans la vie de tous les jours. Il faut donc savoir choisir sa milonga. Le style s'adaptera à l'espace, mais "collé" ou "à distance", on évitera au maximum de bousculer l'autre, et si cela arrive malheureusement, on s'excusera et s'inquiètera auprès de celui ou celle qui a reçu le coup. C'est comme dans la vie ... On peut aussi adapter son style au moment de la soirée : début et fin, piste vide : tango extériorisé, milieu de soirée, trop de monde : tango intériorisé ... ou moment de détente au coin du bar. A chacun sa solution, le principal réside dans le respect de l'autre.

10) et toujours avec plaisir, ... tu danseras

Metro, Tango, Dodo : jamais !!! On ne se force pas à danser. On ne va pas "au tango", comme on irait au boulot. Si l'envie n'existe pas, si le plaisir ne s'installe pas, le tango sera mauvais. Et mieux vaut un seul tango réussi, qu'une suite d'ennuis en musique. Autant rester chez soi, et regarder un film ... sur le Tango ! "le Tango, une pensée triste qui se danse" ? poète sûrement Enrique Santos Discepolo, mais sûrement pas danseur. Et en plus il parlait de la "décennie infame", 1933-1943, période de troubles et de grande crise économique. Le Tango sait être joyeux, et le danser est un réel plaisir.  Mes maîtres, Rodolfo Cieri, Edouardo Archimbau, Gustavo Navera, Pablo Veron, Chicho Frumboli, Sebastian Arce et Mariana Montes, ou mes élèves et amis, en bal, l'on toujours démontré.

J'en suis convaincu :     "Le Tango est une source de plaisir infinie"       Partageons la !