"Una aproximación a su comprensión"
par le professeur Olga Besio

Professeur de danse renommée, Olga enseigna le Tango et un cours d'introduction aux arts plastiques pendant plusieurs années dans l'ancienne "Escuela Nacional de Danzas".

C'est dans cette école, qu'en parallèle du cursus officiel, Rodolfo et Gloria Dinzel enseignaient ponctuellement , le Tango. Leur cours se terminant, ils demandèrent à Olga d'assurer le cours de tango  car c'était un professeur renommé dans Buenos Aires, et elle appela son jeune fiancé pour l'aider, talentueux, mais sans expérience ... Gustavo Naveira. Ils dansèrent et travaillèrent ensemble pendant de nombreuses années. Leurs deux enfants, Ariadna et Federico entament actuellement, et avec talent, une carrière de professionnels. Outre des cours adultes de tous niveaux, Olga s'est spécialisée d'une part en adornos et au travail sur la musicalité, et d'autre part, elle a mis au point une méthode d'enseignement pour les enfants. 

Pour  voir l'ensemble de son CV prestigieux : cliquez

Celular:  (54-11) 4149-4413.      (En Buenos Aires: 15 4149 4413).        E-mail: olgabesio@yahoo.com.ar.

 

 

Pour parler d "Adornos", de "fioritures", ou d'embellissements, et comme support à tout ce qui va être dit après, il nous faut , en premier lieu, chercher quelles sont les origines de l'essence et de l'existence du Tango, et de la danse.

Il est nécessaire de préciser que le mot "danse" ne se réfère pas seulement à la pratique d'une technique. Mais au contraire, sa signification, plus grande et plus générale s'étend à toutes les formes de danse. Et cette référence concerne tout ce qui se produit, naturellement, primitivement, à distance, viscéralement, de façon animale, comme de façon typiquement humaine. Dans ce sens nous parlons plus d'une expérience qui vient de plus loin historiquement, chronologiquement, et ontologiquement, que d'un quelconque concept technique.

Si nous appréhendons la Danse, comme un fait profondément naturel, qui est né avec l'être humain - et nous parlons ainsi de la danse populaire et sociale, dont le Tango est peut-être l'exemple le plus caractéristique - nous écarterons immédiatement, tout ce qui est superflu.

En fait, qu'est-ce que le Tango ? Ce que nous savons tous : une danse à deux, une communication profonde avec l'autre, et avec la musique, etc ...etc ... et nous "découvrons" ainsi l'idée de dialogue.

Le dialogue avec le partenaire, le dialogue avec la musique, le dialogue des pieds entre eux et avec le sol, dessinant les fameux "ochos" et mille autres choses - et, en approfondissant cette idée, le dialogue entre les pieds, les jambes, l'espace, créant avec précision les "boléos", parfaitement dessinés, et reproduits à l'identique, à chaque fois.

Mais, en quoi donc, consiste l'  "Adorno" ? (parfois appelé  fioriture, embellissement, expression ...) L'Adorno consiste précisément à exprimer l'essence même du Tango. il ne sert à rien de le réaliser de façon purement technique, sans la compréhension réelle de ce dont il s'agit et de ce que cela signifie. Les jambes de la danseuse ( et attention, celles aussi du cavalier), équivalent à des partenaires de Tango. Elles s'étreignent, se joignent, dialoguent entre elles, se caressent ... Ceci, bien sur, est obtenu par tout un jeu de rotation des articulations. mais ce jeu ne doit pas être considéré comme froidement technique, mais comme quelque chose de naturel et logique, comme toute forme de langage.

Les jambes "expriment", sont "expressives", quand elles connaissent une forme de langage, non quand elles se contentent de se mouvoir.

Nous venons ainsi de détruire plusieurs mythes :

- l'un d'eux est que les "Adornos" sont des mouvements qu'il faut apprendre" ou "copier". En aucune manière. L'apprentissage technique est important, mais il ne suffit pas. Il existe d'admirables danseurs et danseuses qui créent avec les "adornos" de véritables émotions, mais, malheureusement nous voyons aussi de simples répétitions de mouvements, ou des copies d'untel ou untel, sans compréhension de l'essence de ces mouvements; généralement le danseur ou la danseuse d'origine sont excellents, et les copieurs sans intérêt, sinon détestables, voire ridicules.

- un autre mythe consiste à dire que l'  "Adorno est affaire de femme" : en aucune manière. L'Adorno est tout ce que peuvent faire l'homme et/ou la femme, sans interférer dans le guidage, ni dans les pas, la figure , la séquence , etc ... y compris avec l'exactitude musicale, le tout sans créer de quelconque vibration ou tiraillement. Pour cela, il est absolument nécessaire de savoir guider et suivre, et d'avoir une bonne oreille musicale. (Je dis toujours à mes élèves que le ou la partenaire doit savoir que l'autre a réalisé un "adorno" , seulement ... en regardant la vidéo ! c'est arrivé à un danseur célèbre qui, un jour, a été filmé, et qui a découvert, ainsi,  ce que faisait sa compagne, et pourquoi les commentaires sur elle étaient tellement élogieux).

- encore un autre mythe : "la femme exécute l'adormo, l'homme doit lui laisser le temps". Cela est vrai lorsqu'il s'agit d'une chorégraphie qui a pu être élaborée de concert, de façon individuelle, ou par un tiers. Mais dans le tango improvisé, c'est l'intelligence, l'habileté, la "sensibilité tango" de la femme qui la fait décider s'il convient ou non, d'exécuter un ornement, et quel type d'ornement, et dans l'affirmative, quand, comment, quel ornement ou quel type est le plus approprié, selon les circonstances.

- dernier mythe : parlant d'écoute et de musicalité, certains danseurs(ses) considèrent qu'il est suffisant "d'écouter le rythme". D'autres plus avancés parlent de "danser la phrase musicale". Il est clair que cela ne suffit pas. il est nécessaire aussi de comprendre la mélodie et l'expression de chaque pièce musicale, de chaque arrangement, de chaque version ... Et, en ce sens, la musicalité dont ont besoin le danseur et la danseuse, va beaucoup plus loin que la simple reconnaissance "du rythme", de la "pulsation", du "temps fort", du "temps faible", et de toutes ces choses dont on parle habituellement (et que parfois on mélange ou confond). La musicalité qui est ici requise est un véritable langage que l'on peut traduire, réinventer, créer et recréer, encore et encore, les sentiments, la structure compositionnelle, et l'essence particulière de chaque morceau que le couple a l'opportunité d'exprimer par sa danse, à un instant donné.

Au final, il est nécessaire de mentionner que l'  "Adorno" ne se limite pas aux mouvements, ni non plus aux pieds et/ou aux jambes - bien que ce soit le plus visible - mais qu'il concerne tout le corps, que c'est une attitude, une décontraction, une façon de fermer les yeux, de marquer une pause, de faire des successions de changements de vitesse dans la danse, et mille choses qui peuvent ( et doivent dans beaucoup de cas ) être travaillées techniquement, méthodiquement, mais qui doivent montrer surtout, en définitive, l'amour et la passion de la danse et du tango, et comment chacun, chacune, et chaque couple, sont capables de le ressentir.

Olga Besio     

 

       

 

Commentaires sur l'article d'Olga, par Dominique Lescarret

Olga Besio est une grande dame du Tango, qui mérite plus que du respect. La regarder s'installer dans l'Abrazo est déjà un spectacle, danser avec elle reste un souvenir. J'ai eu la chance de la rencontrer, de l'avoir dans mes bras le temps d'un tango, et la remercie et de ce moment et de l'article ci-dessus, qu'elle a bien voulu me faire passer. Si l'on comprend bien  le sens de son message, il est clair que, parmi les mythes qu'elle dénonce, le premier est bien :

"les "Adornos" sont des mouvements qu'il ne faut apprendre" ou "copier", en aucune manière."

On peut se demander alors comment des enseignants peuvent oser se servir du travail d'Olga pour vendre, en se servant de son nom et de sa notoriété, des stages pour "apprendre" les "adornos" et autres formes d' "embellissements".

Continuons l'analyse de l'article d'Olga. On peut y lire :

"L'Adorno consiste précisément à exprimer l'essence même du Tango. Il ne sert à rien de le réaliser de façon purement technique, sans la compréhension réelle de ce dont il s'agit et de ce que cela signifie."

Cela suppose une certaine expérience dans le tango, voire une expérience approfondie. Cela supposerait également, que les "stages d'adornos ou d'embellissements" contiennent une part réservée à la compréhension de l'essence même du tango. Hors, à l'usage, on s'aperçoit qu'il n'en est généralement rien. Pire, non seulement on fait croire qu'apprendre par cœur des embellissements, permet aux femmes d'améliorer leur tango, mais dans la réalité, l'effet induit est inverse : elles dansent après les stages ... beaucoup plus mal qu'avant ! Observons pourquoi :

Olga précise parfaitement le fait que penser que : "la femme exécute l'adormo, l'homme doit lui laisser le temps" est également un mythe. Un adorno bien fait, est quasiment imperceptible par l'homme. Il va s'intégrer dans le mouvement, sans en altérer la forme et la vitesse. C'est un niveau supérieur, un mouvement supplémentaire inséré dans une subdivision supplémentaire du temps. Il faut donc, avant même d'envisager les adornos ou embellissements, être capable d'effectuer correctement le mouvement de base. Hors très peu de cavalière maîtrisent marche, ochos arrière, et tours avant au moins trois ans de tango (à minima !). Examinons le cas le plus fréquent où la cavalière sort du stage, nettement moins bonne danseuse qu'avant : l'ocho por atras. Une des fautes les plus couramment rencontrée, est le fait que la danseuse part trop tôt des épaules en arrière par rapport à la pose du pied de la jambe tendue. A une cavalière qui a déjà ce genre de problème, on va demander de rajouter un mouvement de pied supplémentaire, avant de laisser partir sa jambe : résultat, elle démarre encore plus tôt des épaules, et renforce son défaut. Ce n'est qu'un exemple parmi les ravages que provoquent des stages mal construits et mal ciblés, qui hélas, prolifèrent. La solution consisterait à reprendre les bases essentielles ( pour hommes comme pour femme), mais qui veut reprendre son programme de première année ... alors qu'il contient toutes les bases du tango ? Les plus grands musiciens refont gammes et arpèges, les danseurs devraient tout au long de leur vie, travailler la marche (et la marche se travaille essentiellement à deux). Et une cavalière qui maîtrise la marche, saura faire un huit arrière sans problème, donc un tour, donc un voléo (sans avoir à l'apprendre), et à fortiori verra se mettre en place, dans les espaces de temps ainsi créés, des adornos qui viendront naturellement, sans même y penser ... en les improvisant. N'a t'on point dis et redis que le tango est danse d'improvisation ?

Profitons de l'instant pour dire également un mot des "stages spécial femme". Il est évident que certaines techniques s'appréhendent mieux lorsque l'on est seul pour les ressentir pleinement, sans "message extérieur", altérant l'analyse qui peut être faite de ses sensations. Ces stages sont donc utiles. Cependant, il ne faut pas oublier une chose : dans le Tango, une grande partie de l'énergie utilisée par la femme, est donnée par le cavalier. Travailler seule, c'est devoir remplacer cette source d'énergie par une autre. Généralement on va la puiser dans son propre corps, soit directement en remplaçant le relâchement musculaire par de la coordination, soit en utilisant le retour de force d'un objet statique, la barre de danse, le plus souvent. Il faut donc prendre conscience que les exercices en solo, induisent un travail musculaire souvent inverse de celui habituellement souhaité. L'idéal, dans un stage "spécial femme" bien construit, est donc que des hommes soient présents en fin de stage, pour que la femme puisse récupérer, à chaud, le travail effectué seule (équilibre, pivots, dissociation, etc ..), puisse le mettre en situation de couple, mais aussi pour l'effectuer avec un autre système d'apport de l'énergie, venu cette fois du partenaire ... sauf à vouloir danser toute seule, mais à deux ...

Le Tango est une danse à deux, basée sur l'abrazo et sur la marche ...

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