Voyage à Buenos Aires  /  Eté 2012

Première Partie. Pour aller au menu : cliquez

Le voyage / Compartido / Première soirée / Déception / Milongas / Le " Cabeceviol " / La "canne"

Mon quartier / Plein de photos / La misère / Escapade à Iguazu / Incredible Gilda

Les Bouquinistes / Les Murs de la ville

Deuxième Partie

Autres Milongas / Une Confiteria pas vraiment idéale / Les Musiques / Quelle classe ces Argentins !

La Crise / Folklores / Mataderos / Un Musée / La " Bonne Bouffe " / La Aurora del Tango

L'incomparable Pugliese / et une petite conclusion de ce superbe voyage

 

 

Autres Milongas

Pèlerinage habituel dans plusieurs Milongas de la ville. Problème de batterie, je n'ai pas toujours mon appareil photo opérationnel. Contentons-nous des photos les plus marquantes, dans ce petit récit : Saraza, La Milonguita, Le Canning et la Villa Malcom.

Beaucoup de changements encore cette année. Mon ami Hernan m'a dit que beaucoup de Milongas s'étaient ouvertes, surtout sur les extérieurs : je n'aurai pas le temps de les visiter. C'est encore Gilda qui me pilote et m'emmène dans une petite Milonga du Sud de Boedo : Sarraza. Métro, plus bus, plus vingt minutes à pied : nous y sommes. Peu de monde, et un peu de tout en termes de qualité de danse. L'ambiance est sympathique, l'organisation et l'invite traditionnelles : les hommes d'un côté, les femmes de l'autre et les couples et ceux qui déjeunent à un bout de la salle, Cabeceo de rigueur. Gilda qui a l'air un peu chez elle, et à qui j'avais confié que je trouvais ce type d'organisation pratique, mais totalement anti-conviviale, me garde avec elle... côté femme. Personne ne s'en formalise, privilège du touriste introduit par l'habituée. Bonne musique, bonne ambiance, Je danse avec Gilda en ouverture, puis avec une Canadienne d'origine Japonaise. Une copine de Gilda et l'organisatrice de la soirée viennent "m'essayer" le temps d'une tanda (!).

Jolie petite salle, qui rassurez-vous par rapport à la photo, s'est, par la suite, un peu remplie.

  

Deuxième passage à l'examen, une autre organisatrice de Milonga, à droite sur la photo avec Gilda, vient "m'essayer" à son tour, et m'invite à sa prochaine soirée. Le tout se déroule dans une ambiance sympathique et décontractée. Il parait que l'été, on peut danser dehors, je regrette de ne pouvoir y revenir à la belle saison. Une copine de Gilda, sur la fin, vient partager une tanda avec moi : premier tango tranquille, sur le dernier, un d'Arienzo endiablé, je lâche les chevaux : ma partenaire, Graziella répond au quart de tour et le tango se finit de façon magistrale. Graziella, un drôle de numéro et très bonne danseuse, sera... le chauffeur de taxi qui nous ramènera !

Réflexion que je me fais à chaque fois que je viens à Buenos Aires : les Porteńos, viennent en Milonga pour s'amuser, pas pour paraître, à la différence de certaines ambiances "constipées" de chez nous... La tanda de milieu de soirée est partie façon Salsa prolongée : aucune des personnes présente ne sait la danser, mais tout le monde est sur la piste à faire la fête : c'est peut-être là, la vraie leçon à prendre dans le tango de Buenos Aires... plus que de venir y chercher des figures !

MAIS !!! Ici aussi, la Milonga n'est pas toujours l'endroit rêvé pour passer une bonne soirée :

"Milonga de merdia" au Canning :

Je loupe magistralement la date de Parakultural, et me retrouve un jour ordinaire au Canning. Ambiance mortelle. L'invite se fait en faisant la manche autour des tables, les femmes refusent à tour de bras aux danseurs locaux ; pour moi je sens que ça ne va pas être gagné d'avance. Je suis installé à côté d'un groupe de jeunes femmes toutes vissées à leur portables et qui passèrent la moitié de leur soirée à envoyer des textos. Seuls deux bellâtres, de la catégorie de ceux qui croient que pour être viril il faut laisser ses poils pousser partout (et on se moque des intégristes !) ont l'exclusivité de leur rares danses; et pourtant leur niveau n'atteint pas des sommets, tant s'en faut. Milonga de merdia au bout de deux heures, et quelques whiskys, j'abandonne. Il faut, vraiment, dans certains endroits, bien choisir et venir le bon jour... pour Parakultural, par exemple, et pas le lendemain... !

Je me rattrape dans d'autres Milongas : Porteño y bailarín, Villa Malcom (qui a bien changé... sauf la propreté des toilettes !) et Sunderland. Mais je n'étais pas arrivé au bout de mes déboires.

Une Confiteria pas vraiment idéale !

Lieu de pèlerinage incontournable : la Confiteria La Ideal. Je sais que, sauf soirée spéciale, ce n’est pas une bonne milonga. Mais malgré tout j’aime l’endroit. Le cadre y est magique et y donne au moindre tango une dimension qu’il ne prend nulle part ailleurs. Comme on y annonce un petit orchestre, je ne prends guère de risque. Clientèle restreinte en début de soirée, et quelle clientèle ! Deux taxis dancers trainent leur ennui sur la piste, y promenant deux mémés américaines qui s’évertuent à massacrer allègrement salidas et ochos en tout genre : risible ou pitoyable, ou un peu triste au choix. Deux échalas mâles et femelles complètent le tableau, s’évertuant à passer d’un côté à l’autre de la piste… sans la longer… Autre couple : Papy et mamie, tout gentils, répètent inlassablement la même figure comme un long chemin de croix courant sans succès après une fin inexorable … Lugubre ! Je me commande un double whisky. A ma gauche une table se remplit : genre femelle, style Barbie, âge sexagénaire, style long passé d’arpentage de trottoir. L’une d’elle, ridée comme une vieille pomme et maquillée comme une voiture volée, arbore sans complexe une minijupe limite salle de jeu, agrémentée de bas résille, d’un boléro léopard et de longues mitaines à dentelles qui lui arrivent à mi-bras : tellement incroyable que le reflexe normal serait de la fixer au mur à Beaubourg, et de la faire visiter ! Surréaliste, digne d’un tableau de Dali ! Pour compléter l’aréopage , arrive un bellâtre « chevelu-gominé », costume gris clair (nous sommes en plein hiver), tatouages, piercing et chaussures tellement longues qu’elles semblent danser toutes seules devant lui. Il a tellement de bijoux que je le baptiste immédiatement « cinq doigts, six bagues ». Foin de mirada ou de cabeceo pour l’invite : le remake d'un compadrito d’opérette se campe à côté de la Barbie sur le retour, et l’incite de la main d’un style des plus péremptoires, à se jeter dans ses bras. J’étouffe mon fou rire dans mon verre que je vide dans la foulée. Un autre, vite pour tenir la distance. Je ne suis pas dans une milonga, mais dans un remake du film « Les clowns » de Fellini.

... mais presque...

Peu à peu la salle se remplit de personnes normales : traduisez, ni Barbie usagée, ni Compadrito de bazar. La milonga prend une autre allure… celle d’une milonga. Le niveau de danse est totalement exécrable : de quoi enlever tout complexe à nos débutants qui hésitent à se lancer sur la piste. Je m’enfonce sur mon siège et regarde. Une des danseuses, bonne soixantaine mais short au raz des fesses, leggins ouvragés et à moitié transparents (c’est mon jour !) m’envoie des miradas catégorie appels de phare en détresse : après tout pourquoi pas, faut bien mourir un jour… Finalement elle propose un niveau de danse très moyen, mais un abrazo agréable et arbore un sourire permanent aux lèvres. Ça aurait pu être pire : la tanda se passe bien, et j’y reviendrais plus tard dans la soirée. Comme quoi ! Entre-temps la piste s’est remplie, le niveau est toujours exécrable, mais il se dégage une énergie qui donne à cette masse informelle, une identité propre, et fournit un spectacle agréable : le « miracle du tango ». Non je retire l’expression, c’est le nom de milonguera que j’ai donné à mon abrazo préféré, à Marseille. C’est une exclusivité ! Je dirais donc : magie d’un instant dansé, partagé en harmonie (bien dit, non ? ). La soirée s’améliore, et un troisième whisky (toujours double) ajoute à mon optimisme grandissant… à petite vitesse, reconnaissons-le.

Tiens, je reconnais un danseur et le chanteur de l’orchestre qui, tous deux, viennent d’arriver. Ils m’avaient manifesté de la sympathie deux ans auparavant et je me précipite pour les saluer : embrassades multiples, ça y est je suis en famille. L’orchestre, qui en visuel ressemble au dernier carré survivant d’une maison de retraite, attaque le concert avec une énergie qui transporte toute l’assemblée sur la piste, moi compris, étroitement escortée par ma cavalière au short incitatif… pour ne pas dire participatif… Les morceaux s’enchaînent, quelques bons danseurs viennent enfin d’arriver.

Un petit show exécuté dans un style très simple, mais parfaitement millimétré, vient améliorer l’ambiance générale. En fin de soirée une magnifique brune, la trentaine souriante, m’entretient sur les raison de sa présence ici : musicienne de haut niveau, elle essaye de capter les petits secrets de l’interprétation qui font qu’un morceau, ressemble soit à une chansonnette sans relief et totalement insipide, ou bien… à un tango. La conversation ayant tendance à se prolonger, son compagnon me lance quelques regards empreint de l’amabilité caractéristique du meurtrier en puissance, et emmène sa cavalière vers un lieu plus tranquille (traduisez : sans moi)… sans même lui demander son avis. Dommage, j’étais quasiment invité au Chili, lieu de leur résidence…

Finalement une bonne soirée, un peu frustrante au niveau danse, mais agréable au niveau ambiance, et le désastre annoncé finit sur une note positive ! Renseignements pris, et au vu du naufrage de l'établissement, toute l’équipe de direction de la Confiteria devrait être virée fin Décembre. Ce lieu magique arrivera-t-il à revivre enfin ? Heureusement lors d'une dernière soirée, mais devant un public trop peu nombreux, mon ami Hernan (photo au-dessus avec les deux magnifiques cavalière et lavallière) nous gratifia d'une très belle démonstration, histoire de rester sur une bonne impression.

Du coup pour me remonter le moral, je me suis offert une superbe paire de chaussures, dans la nouvelle boutique de Darcos : un très large choix et le meilleur accueil que l'on puisse rêver. Visitez leur nouveau site : http://darcosdanceshoes.com

La Musique ou les Musiques

Pour qui veut l'entendre, la musique est partout à Buenos Aires. Pas seulement le tango, toutes sortes de musiques, même si, chez les Porteños, Carlito reste très présent dans les cœurs. Petits morceaux choisis :

Quelle classe ... ces "Argentins" !

Gilda a décidé de me faire découvrir une autre Milonga : El Arranque qui s'héberge dans les murs de Nueva Salon La Argentina, Bartholemé Mitre 1759, pour être précis. Elle m'a prévenu, la clientèle n'est pas toute jeune, mais j'ai toujours considéré la compagnie des vieux danseurs, riche en enseignements. Effectivement la population est très âgée et l'expression gestuelle du tango réduite à l'essentiel : l'Abrazo et le respect du rythme... en gros tout ce qui manque à la majorité des touristes dansants ... !

Je fais quelques tours de pistes, me fait présenter au patron, bois mon traditionnel whisky local, fort gouleyant au demeurant, et décide de faire une "zolie photo" de mon amie Gilda. Pour être directement au bord de la piste, je pars à son extrémité et me cale contre la scène, prêt à mitrailler tout objet dansant, identifié ou non, passant à ma portée.

Juste à côté de moi, une tablée de quadragénaires, champagne sur table, dénote par rapport au style général de la clientèle. Ayant effectué une reptation habile et latérale en direction de ces personnages, histoire d'en savoir davantage, un accent bien de chez nous vient me frapper les oreilles : damned !des Français !

Brusquement, alors que j'allais me présenter et engager la conversation, une des femmes se leva de sa chaise et laissa choir son manteau sur le sol. N'écoutant que mon courage, et stimulé par un réflexe, reste d'une vieille éducation bourgeoise, Angevine de surcroît, je me précipite, avec un sourire, pour le ramasser.

La suite échappa à mon contrôle. Habillé costar et ne parlant plus qu'Espagnol depuis des semaines, un "Permiso" s'échappa de mes lèvres, accompagné d'un petit hochement de tête. Avant que j'ai pu rajouté autre chose, la jeune femme après un merci rapide mais néanmoins appuyé, se détourna vivement vers ses compagnons de table, disant, peut-être avec une arrière pensée à leur égard (!) :

Quelle classe ces Argentins, c'est pas dans nos Milongas à Paris, qu'on verrait ça !

Va savoir pourquoi, j'ai préféré m'éclipser avec un sourire...

 

En tout cas, même si la majorité de la clientèle a dépassé les soixante-dix printemps, on y danse et on s'y amuse dans cette Milonga, et on passe même Pugliese, chose si difficile à obtenir de nos DJ, chez nous.

 

La Crise

Entre les vacances et le taux de change encore avantageux, on en oublierait la crise. Pourtant elle est bien là, les prix flambent, les salaires stagnent, le peuple souffre. Quelques extraits et morceaux choisis de la presse locale, parus durant le séjour.

Le FMI menace l'Argentine d'exclusion, le déficit énergétique augmente (dans le pays du grand gaspillage); en réponse, et quelques mois après la nationalisation très controversée d'YPF, filiale du groupe Espagnol Repson, on augmente la production. D'ailleurs on augmente tout, les prix, les salaires, l'inflation est de l'ordre de 30 % par an... et la vie de plus en plus dure.

Cliquez sur les imagettes pour agrandir les photos (attention temps de chargement de l'ordre de 5 secondes) :

     

Comme toujours en temps de crise, la situation politique se durcit et l'Argentine, toujours hantée par ses vieux démons, flirte toujours avec la limite de la droitisation à outrance et la dérive policière... La Présidente, en danger électoral, veut faire voter les 16-18 ans !

     

Comme il n'y a plus d'argent dans le pays, on va le prendre là où il en reste : le gouvernement veut faire transférer les avoirs de la Banque de la ville de Buenos Aires, vers celle de l'Etat... Manifestations immédiates. Et comme l'argent est bon à piquer partout, une taxe est crée sur les achats que font les Argentins à l'étranger : l'Argentine citée comme étant actuellement le pays le plus protectionniste du Monde. A tort ou à raison, l'avenir le dira... si tant est qu'il s'instaure une période de stabilité politique suffisamment longue...

     

On peut toujours rêver... !

Folklores

L'Argentine, et particulièrement Buenos Aires s'est constituée à partir de l'immigration, et ses habitants s'en souviennent. Italiens, Espagnols et particulièrement actifs, les Allemands, présentent des stands et des groupes folkloriques. Plus d'une trentaine de pays sont représentés ... sauf la France, à part une partie de la communauté Basque : frustrant, mais un bon moment quand même.

 

 

   

 

Regardez le petit film ci-dessous, vous comprendrez la richesse culturelle de l'Argentine,

melting-pot de si nombreuses cultures

Mataderos

Un passage à Buenos Aires ne peut se concevoir, pour moi, sans une petite visite à Mataderos : c'est un de mes moments préférés.

J’ai des bagages un peu lourds et j’ai du, sans m’en rendre compte y glisser le soleil de Provence. Petit miracle matinal, les nuages présents la veille et l’avant-veille disparaissent en s’effilochant, et un grand beau temps s’installe, nous assurant que la Feria aura bien lieu. Nous, car j’y vais avec Gilda, nous sommes déjà vieux couple ! Une de mes cartes bancaires ne fonctionnant pas, j’économise à mort, et le coût du taxi est prohibitif par rapport au bus : 120 pesos contre 4 pour l’aller et retour ! Le taxi, bon marché quatre ans plus tôt est devenu progressivement un luxe. Mais pour le bus, sans l’aide d’un habitué, aucune chance de s'y retrouver, dès que l’on sort des lignes du centre-ville. C’est parti pour quarante minutes de transport… inconfortable.

Matadores n’a pas changé, ou très peu : toujours une succession d’orchestres et de chanteurs de très haute qualité ; toujours les danseurs de chacarera, zemba et autres chamames dans la rue ; toujours les parillas, tamales et empanadas excellents et pas chers. Les artisans sont toujours là même si les prix ont un peu monté (beaucoup moins qu’en ville) et que cette année les productions locales en charcuterie, fromage et boissons sont très présentes : j’y ferai honneur…

Déjà l'impression de se retrouver un peu chez soi : le patron d'un des restaurants me reconnait, le danseur de Chacarera également, et dans le bus je retrouve Pilar, chez qui j'avais logé la première année.

Je ne peux venir sans aller saluer le Directeur du Musée. Je me présente à l’entrée, et l’hôtesse étonnée le demande au téléphone. Le Professeur Orlando W. Falco a troqué son costume contre une tenue très décontractée et un béret basque, couvre-chef très usité dans la feria. Mais ne vous y trompez pas, c'est un érudit de haut vol, qui vient de publier la dernière édition de l'histoire de la statue qui trône sur la place. Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est la seule statue, dans toute l'Argentine, d'un gaucho, juché sur son cheval. Il me reconnait aussitôt et m’invite à entrer. Quelques mots de courtoisie, et il me signale que le petit spectacle à la Pulperia va bientôt commencer. Nous entrons, Gilda et moi, et commandons un petit remontant, une bouteille de vin rouge. Une bouteille pour deux, nous sommes très en dessous de la norme de nos voisins qui descendent allègrement chacun la leur...

Le Payadore qui anime le lieu a un talent d’improvisation extraordinaire : dès que quelqu’un arrive, il lui pose trois questions d’un air anodin, et improvise dans la seconde une petite chanson, bien en rapport avec la personne, mais finissant toujours à chaque fin de strophe par une petite phrase humoristique qui déclenche l’hilarité générale. J’y ai droit immédiatement, et ayant sans doute une bonne tête, une deuxième chansonnette m’est immédiatement dédiée. Je vous les livre ici, sauf le tout début de la première, la rapidité de réaction du Payadore ne m’ayant pas laissé le soin d’armer mon appareil ! Gilda rie aux larmes...

Petits films, ci-dessous des deux impros du Payadores :

Payada 1

 ... sin cometer un delito, yo le digo desde aquí como soy hombre campero, dejo un canto verdadero y así lo piensa José, muchas gracias al Francés por visitar Mataderos. / Yo cante para Dominique, para el francés en este instante y mientras yo sigo adelante le voy a cantar así, que más le puedo decir... si tiro con todo el rollo y ha de ser con alegría, que en la gaucha patria mía no se acabaron los criollos. / Esta pareja que vino a visitarnos al instante soltare mis consonantes y así les dejo mis trinos, al desandar el camino como soy hombre campero dejo un canto verdadero, esta sencilla semana se quedaron con las ganas de entrarle al vino patero. / Como no hay dos sin tres los espero para otra vuelta en esta tarde desierta y le voy a ser cortes mucha gracias a usted Franceses y si no erro el camino al ser un hombre continuo y me estoy imaginando, aquí los estaré esperando, porque es mi suelo Argentino

Payada 2

quince años de marinero nos es un dia son montones y usted tendra sus razones mi buen amigo extranjero, dejo el canto verdadero como fuerza de titan que aqui mis recuerdos van si suelto mis consonantes a la Marina Mercante le presento el capitan. / Por la marina mercante mar y mares a recorrido y lejos esta de su nido y lo digo en un instante Soltando mis consonantes y si hoy no ero el camino al ser un hombre contino este canto le dedico y le doy hermano permiso para que se tome el vino / cuando regrese a su tierra lleve este abrazo de aqui que mas le puedo decir que en mi guitarra se aferra usted felicito mi tierra en esta notas genuinas que al payador se imagina, lo digo con sencilles , voy a visitarlo Frances desde estas tierras argentinas / ya termino la payada para que usted pueda tomar y un verso le voy a dejar asi nomas de pasada, por toda esta paisanada dejo un canto verdadero homenaje bien sincero en el domingo de este dia bienvenido a la pulperia de la feria de mataderos

Pour la traduction des paroles, cliquez ici

Dans la salle à côté deux couples exécutent avec grâce, une multitude de variantes des principales danses folkloriques Argentine, toutes expliquées au public par une des danseuses, véritable puits de science en ce qui concerne ces danses. Je discute un peu avec elle, et effectivement elle connait bien l’histoire des danses de son pays et les différentes influences reçues et assimilées suivant les régions : on parle contre-danse, menuet, polka, mazurka, sévillanes, etc… Nous échangeons nos mails pour quelques autres échanges ultérieurs.

Mais je l'ai dit : Mataderos se raconte en images.

Cliques sur les vignettes pour les agrandir, vous connaissez maintenant la technique.

Quelques achats de bricoles, des cadeaux pour les amis, et, un peu fatigués, trois bouteilles de vins sous le bras, nous reprenons le chemin de la casa, fatigués, mais ravis d'une bonne journée, finalement bien ensoleillée.

A tout ceux qui lirons ces lignes : si vous n’avez qu’un Dimanche à Buenos Aires, oubliez San Telmo et venez à Mataderos. Faites-vous discrets pour ne pas changer l’âme de ce lieu, mais dégustez le plaisir d’un endroit riche et encore authentique : cela devient rare… et allez voir sur le récit du premier voyage de 2007, d'autres photos et vidéos

Un Musée

Les Musées ... c'est barbant !... sauf quand on veut comprendre un pays; et pour le comprendre, il faut connaître son histoire. Remontant à pied de la gare de Retiro, j'arrive Plaza San Martin, et, au lieu de descendre Florida, je décide de prendre les petites rues à gauche. Là, juste à l'angle, se trouve le Musée des Armées. C'est quelque chose d'important pour les Argentins, où l'armée, a toujours été au premier plan dans la création et l'évolution de leur pays. Certes les moments ne furent pas toujours glorieux, surtout pendant la dictature, mais c'est par les armes qu'ils surent fonder leur indépendance, et que leur territoire s'est dessiné. J'entre.

 Le Musée n'est pas très grand, mais fort bien conçu, et très riche en divers matériels, propres à assurer un voyage sans retour, direction l'au-delà...  Cela va de la simple épée à la mitrailleuse lourde, passionnant et déprimant à la fois.

Le gardien, fort sympathique, me donne quelques indications, et au moment de la sortie, nous parlons... tango. Lui aussi (!) est un passionné. Il me gratifie de sa petite interprétation chantée, que vous pouvez écouter, plus haut dans ce récit, à la rubrique "musiques".

C'est ce que j'aime chez les gens de ce pays : dés qu'ils ont une passion, ils se donnent et la partagent sans réserve. Le côté émotionnel prime toujours dans leur comportement  :  c'est leur faiblesse, c'est aussi leur richesse.

Je prends plein de photos : juste quelques unes ici, le reste étant réservé pour mon futur site sur l'histoire, en création depuis cinq ans, et qui se sera fini dans ... au moins dix !... si j'y arrive un jour... Etre vivant, c'est avoir des projets !

 

 

Inévitable photo du croiseur Belgrano : comme je l'avais remarqué lors de mon premier voyage, les plaies ouvertes par la guerre des Malouines, ne se sont pas refermées, loin de là. En continuant ma ballade à pied, et en passant devant la Casa Rosada, j'ai pu en avoir la confirmation sur les multiples banderoles qui fleurissaient sur la place, réclamant la reconnaissance envers les vétérans.

 

Diverses associations, dont une Française, pancartes et monuments perpétuent le souvenir

 

La " Bonne Bouffe "

Faire un voyage en Argentine est riche en découverte, mais Buenos Aires n'est pas vraiment un grand lieu de pèlerinage culinaire. La viande est excellente, quoique souvent trop cuite, le poisson, rare, cher, et mal préparé, et les légumes se limitent le plus souvent aux patatas fritas. Il ya certes les tamales et autres plats typiques, mais tout le monde n'aime pas, et beaucoup se rabattent sur les restaurants italiens. Personnellement, la viande je ne m'en lasse pas, surtout avec du bon vin. Le soir je mange des empanadas, et je compense, pour le reste, avec les glaces dont je raffole... et le panqueque de manzana al rum: nul n'est parfait ! Quelques souvenirs :

 

 

Le regret de ce voyage ? J'ai découvert en revenant de la Feria, en plein milieu de la Calle Defensa... une tour Eiffel ! Emblème d'un restaurant Français, tenu par un patron sympathique à l'accent bien de chez nous, l'établissement proposait, entre-autres spécialité Française, un confit de canard, le lendemain... jour de mon départ pour Iguazu. Ce sera pour un autre voyage, mais allez lui rendre visite, l'équipe est très sympa. Et puis une petite pétanque, arrosée d'un pastis à deux pas de la Feria de San Telmo, c'est peut-être sacrilège, mais reconnaissons le, peu banal ! La brasserie Pétanque, et son patron en Napoléon :

 

... et s'ils arrivent à faire manger des steaks tartares à des Argentins, alors ils sont vraiment très forts !

http://www.brasseriepetanque.com/

La " Aurora del Tango "

Au hasard d'une promenade près du Centre commercial Abasto, je suis attiré par une grande pancarte devant un restaurant : spectacle de tango ! J'ai toujours fui les grands spectacles, style shows pour touristes qui, le plus souvent, m'ennuient profondément.

Mais là cela a l'air totalement différent : un restaurant un peu éloigné du centre, des chanteurs assez âgés sans l'être trop, un "je ne sais quoi" dans la présentation. J'entre sans hésiter.

Fonçant droit vers la caisse où trône le patron, je prends quelques renseignements et demande à réserver une table. Le patron me demande si je suis bien sur de moi, me précisant que le spectacle est plutôt fait pour les Argentins. Bientôt cela va être comme dans les Milongas : je vais devoir faire une démonstration de mon coup de fourchette et de ma capacité à apprécier le répertoire de Gardel !

Affaire conclue, le prix "tout compris" étant très raisonnable, il me reste juste à attendre qu'arrive le soir.

La nuit arrivée et rentrant dans le restaurant, grande fut ma surprise de voir autant de monde rassemblé pour un spectacle en semaine, dans un coin de la ville un peu perdu le soir :  la salle est pleine à craquer, pas une table de libre. Une population quinqua et quelques familles sont venus, visiblement pour s'amuser, car l'ambiance est déjà joyeuse.

Au bout d'un moment le service de restauration accélère : le spectacle va bientôt commencer.

Je ne suis pas déçu ! Toute une pléiade de chanteurs et de chanteuses de qualité se succède sur scène. Un couple de danseur exécute quelques tangos et Milongas "à l'ancienne" : un peu rustiques, mais parfaitement authentiques, sans le falbala habituel du tango de scène. Comme c'est souvent le cas à Buenos Aires, les spectateurs participent dans une ambiance bon enfant, un anniversaire est célébré au milieu des rires, et tous les clients entonnent les refrains des tangos qu'ils connaissent par cœur.

La qualité des chanteurs est très bonne, certains étant même vraiment excellents. Le patron n'y tenant plus, laisse sa caisse et monte sur scène : c'est un vrai chanteur, et sa prestation est plus qu'honorable, elle est excellente. L'orchestre tient la route et un des deux guitaristes me semblent être de très très bon niveau. Tout le répertoire des grands classiques défile, les chanteurs mimant parfois les tics de leurs illustres prédécesseurs. Le public raffole. Une interprétation particulièrement réussie de "Fueron tres años" me donne le frisson, même si le chanteur y rajoute une pointe d'humour et fait chanter toute la salle. Gilda  a raison : il faut que j'apprenne les grands classiques du répertoire chanté !... sinon on passe vraiment à côté de quelque chose...

J'ai passé, ce soir là, un des meilleurs moments de mes différents séjours

à Buenos Aires.

Je vous livre quelques photos et deux autres poignées de secondes de cet excellent spectacle.

Comme d'habitude, vous cliquez sur les imagettes pour les agrandir.

               

               

La merdia ! Va savoir pourquoi, chaque fois que j'entends ce tango j'ai la chair de poule ! Ce soir là, avec la ferveur de ce public et ce chœur quasi enfantin reprenant le refrain, j'avais les larmes aux yeux ! Et pourtant "Yo se que un hombre no debe llorar" chantait Gardel... Ce devait être l'effet du vin... on dira ça !

La Aurora del Tango 3600 Av Corrientes, Buenos Aires

Pugliese

On a tous nos petites faiblesses, j'adore Di Sarli, Biagi et bien d'autres, mais Pugliese... !

Certes, ici à Buenos Aires, rares sont les Milongas sans une tenda du grand Maître; et les gens dansent. Comme me dit souvent à l'oreille, un ami à Marseille : " Pour s'exprimer sur cette musique, il faut avoir des choses à dire ". Pour traduire et faire simple : il faut savoir danser (!).

Mais ce n'est pas seulement l'extraordinaire musicien qui est vénéré ici, c'est aussi l'homme.

Communiste convaincu, il mettait en pratique ses convictions en distribuant à part égales tous ses cachets, entre ses musiciens, et il fut un des premiers à organiser sa profession, protection des auteurs, caisse de retraite, etc...

Les œillets rouges posés sur son piano lorsqu'il ne pouvait jouer, emprisonné pour ses opinions, sont restés célèbres dans l'histoire du tango.

Mais après sa mort tous, ont reconnu et l'homme et le musicien, regroupant des gens pourtant peu susceptibles de se retrouver pour célébrer la même personne. Les images des deux plaques ci-dessous, une banque et le parti communiste, en témoignent :

   

Et c'est aussi tout un quartier qui s'est mobilisé pour associer son nom à la station de métro Malabia, et pour que soit érigé un monument à l'extérieur, à l'intersection de Corrientes, Scalabrini Ortiz et Luiz maria Drago dans le quartier de Villa Crespo.

Inauguré en 2006, mais stupidement mutilé par des crétins certifiés, il fut de nouveau inauguré en 2007 :

Pugliese ne meurt jamais !

 

Conclusion de ce voyage

Que dire de ce voyage ? D'abord les splendeurs d'Iguazu : ces instants d'émerveillement, et ce sentiment d'humilité ressenti devant la puissance de la nature. Mais aussi Buenos Aires, où je me suis approché (à petits pas) d'une connaissance plus intime de la ville, de ses quartiers éloignés, de son âme véritable, en quelque sorte. Fidèle à mon habitude, j'ai beaucoup marché dans les quartiers, mon appareil photo malheureusement pas toujours opérationnel (va falloir faire quelque chose).

Le meilleur souvenir : la rencontre avec Gilda, qui n'a été que du bonheur, et d'une grande richesse.

Le ressenti : un sentiment mitigé devant l'évolution de la ville et l'ambiance des Milongas. Cela évolue très vite, et je n'ai pas le sentiment que ça aille toujours dans le bon sens... Je suis à la fois content et déçu, et je n'avais pas ressenti ces impressions contradictoires durant mes précédents voyages. Même l'ambiance des Milongas... Finissons, pêle-mêle, avec quelques contrastes en photos :

  

   

   

Buenos Aires je t'aime toujours, mais différemment cette année, surveille-toi, ne perd pas ton âme quand les vieux s'en iront...

J'ai un peu peur...

Dominique Lescarret "El Ingeniero"

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